l'animal moral - suite

Publié le par Aurore A.

Le mariage moderne n’a plus rien d’une nécessité, et on peut maintenant fort bien s’en évader. Le changement radical a eu lieu entre le début et la moitié du XXième siècle.Le nombre de divorce a doublé, l’age du premier rapport sexuel a chuté, l’âge moyen de mariage des femmes a augmenté. Le nombre de concubins non mariés a triplé. L’un des grands motifs de divorce, chez les deux sexes, c’est de s’imaginer soudain avoir épousé la « mauvaise » personne, d’être persuadé que la prochaine fois ce sera la « bonne », ce qui est très peu probable en réalité. Les gens attendent du mariage beaucoup plus de bonheur qu’ils n’en trouvent généralement. Sans comprendre que la faute en incombe uniquement à leur propre inaptitude au bonheur, ils s’imaginent qu’ils auraient été plus heureux avec quelqu’un d’autre.Le cadre socio-économique est également grandement responsable de l’échec du mariage monogame. La mère seule, débordée par des enfants qui s’ennuient, est une chose qui n’a pas d’équivalent dans les sociétés primitives.Le module de « rejet du partenaire » est un mécanisme mental qui, inscrit chez le mâle comme chez la femelle, permet à la relation de tourner court lorsqu’elle se révèle stérile. Et de fait, dans toutes les cultures du monde, les mariages stériles sont ceux qui se défont le plus facilement. Le coût génétique d’un divorce est toujours celui des enfants, dont on s’occupe moins bien. De nombreuses études montrent qu’un enfant est bien mieux élevé et traité si se sont ses deux parents génétiques qui s’occupent de lui. Mais quand les enfants acquièrent leur autonomie, la nécessité d’un investissement parental mâle disparaît. L’homme a alors toutes les (bonnes) raisons génétiques d’aller fonder un foyer ailleurs, avec une femme plus jeune.


Lors un divorce, la vraie différence entre hommes et femmes vient plutôt des bénéfices que chacun en tirent. Sommairement, aux USA, le divorce apporte à l’homme une nette amélioration de son niveau de vie, alors que pour la femme qui reste seule avec les enfants c’est l’inverse.

L’homme peut assez facilement retrouver une femme ayant un plein potentiel reproductif, surtout s’il est riche et/ou de haute position sociale, et donc courtisé. Ces conditions facilitées peuvent même l’inciter à divorcer. Il est prouvé que les hommes ont beaucoup plus de chances que les femmes de se remarier après un divorce.

L’isolement visuel est une très bonne méthode pour empêcher l’émergence chez l’homme de pensées qui l’amèneraient à l’insatisfaction conjugale ou à l’infidélité. Mais l’isolement est quasi impossible de nos jours, ne serait ce que à travers les photos ou les films.La femme, quand à elle, ne pourra jamais retrouver un homme qui lui rendra ses 25 ans de potentiel reproductif. La société victorienne avait une arme contre les hommes vieillissants, riches ou influents, voulant quitter leurs épouses pour des femmes plus jeunes : le contre-feux social. Il était extrêmement difficile de payer le prix social d’un divorce. La désertion masculine était circonscrite aux prostituées, ce qui ne menaçait pas de détruire le couple car il était impensable de construire un nouveau couple avec une prostituée.

 

La polygamie peut être une solution pour empêcher la fuite du mâle. Elle permet au mâle de ne pas déserter le foyer, de continuer à s’occuper pleinement de ses enfants, en retrouvant un potentiel reproductif chez une nouvelle femelle.Une énorme majorité des sociétés ont autorisé l’homme à avoir plus d’une femme. Mais la polygynie y est majoritairement occasionnelle, réservée à la classe restreinte dominante.

Seulement 7% des sociétés recensées ont connu une monogamie imposée socialement. Les sociétés modernes se montrent plutôt monogames, en théorie, et en pratique depuis moins d’un siècle monogame à répétition.

Les sociétés primitives monogames sont plutôt celles dont les richesses se situent au minimum vital. L’homme n’y a pas de moyens matériels d’entretenir deux familles. L’égalité économique entre les hommes, surtout mais pas seulement s’ils approchent du minimum vital, tend à court-circuiter la polygynie.La notion de dot se rencontre presque exclusivement dans les sociétés où la monogamie est imposée socialement. La dot est le fruit d’un déséquilibre du marché du mariage monogame. L’homme riche, devant se limiter à une seule femme, est une valeur marchande qu’on achète avec la dot.


Schématiquement, la polygynie permet aux femmes de partager un homme d’une catégorie supérieure à la leur, au lieu d’avoir un homme de leur catégorie. La polygynie redistribue bien plus équitablement les biens des hommes entre les femmes, et la monogamie permet aux hommes de plus faibles revenus d’obtenir des femmes qui auraient préféré un demi-mari plus riche s’il avait été disponible. Ainsi la majorité des hommes s’en sortent mieux dans un système monogame, et la majorité des femmes moins bien. Le choix de la monogamie a dû se faire entre hommes, qui historiquement contrôlent la politique, grâce à la voix du peuple. Il n’est pas seulement inégalitaire, mais aussi dangereux de laisser beaucoup d’hommes frustrés, sans femmes ni enfants. Le choix de la monogamie représente donc le choix de l’égalité entre hommes par rapport à l’égalité entre femmes, l’inégalité entre les hommes étant plus destructrice sur le plan social que celle entre femmes.

Dans les sociétés préindustrielles, l’excès de polygynie va souvent de pair avec l’excès de hiérarchie politique.

 


Publié dans l'Amour

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