A ma psy ...

Publié le par Aurore A.

Voilà c’est décidé je reprend mon analyse.

 

J’ai fui le divan pour ne pas perdre ma toute puissance et accepter que mon paradis perdu n’existerait plus. J’ai régressé à mes fixations orales, avec lucidité et en les comprenant. L’arrêt de ma cure chez vous n’a pas été  un véritablement arrêt, j’ai déplacé mon transfert sur une autre personne en fantasmant ma relation avec. J’ai reçu la castration que je ne pouvais pas recevoir de vous à ce moment là. L’effort de maîtrise névrotique dû à mon auto érotisme et à mon impossibilité à dépasser le stade oral et anal sans fixation m’a empêché d’évoluer dans ma cure. Je n’ai pas voulu vous donner ce que vous vouliez. Mais cette maîtrise de moi-même a été ébréchée au cours de ces deux années. Ma rupture a été synonyme d’expulsion : j’ai foutu un bordel monstre dans ma vie de névrosé compensé. Je me suis mise à fumer sans compter mes 3 cigarettes par jour, dépassant le nombre sans culpabilité, j’ai bu pour me saouler et sentir la perte totale de maîtrise, je n’ai plus eu aucun travail intellectuel,  que je qualifie de mécanisme de défense, de sublimation ou de compensation phallique ( ?), je n’ai plus eu de boulimie de lecture, cette envie pulsionnelle d’ingurgiter des livres, du savoir et de la connaissance, j’ai tranché au couteau ma réussite professionnelle, Mon phallus, en sabotant mon travail pour arriver à l’abandon de ma société. Tout ceci ne me correspondait plus : la personne qui s’essoufflait dans la réussite coûte que coûte me fait penser aujourd’hui à une marionnette.

Mais je vous en ai voulu, car pendant deux mois, j’ai eu l’impression que vous aviez brisé ma vie, mais aujourd’hui je ressens plutôt la guérison d’un mal fatiguant. Vous m’avez dit un jour, lors d’une des dernières séances : «  descendez de votre piédestal ». Je vous en ai voulu de me dire cela mais j’en comprends le sens aujourd’hui. Je comprends aujourd’hui l’oralité. Je n’ai eu de cesse de me remplir, d’introjecter, de voir les personnes comme des objets et non des sujets. Toute ma vie, je me suis sentie incomplète, j’ai voulu combler ce manque en y mettant toute mon énergie : par le savoir, la recherche éperdue de l’amour des gens qui m’entouraient, dans la séduction pour manipuler, dans les hommes de ma vie pour trouver celui qui arriverait à combler ce qu’il me manquait pour atteindre mon paradis perdu. J’ai eu un amour absolu pour ma mère et vécu la séparation comme une déchirure. Je l’ai senti dans mon corps et dans ma chair, j’ai cru mourir lorsqu’elle me laisser le matin, croyant perdre mon essence même. Si j’avais pu, je me serais incrustée en elle pour ne jamais la perdre.

Mon estomac, lieu de toutes mes angoisses, organe que j’ai inconsciemment choisi pour souffrir sans faiblesses, ni culpabilité surmoïque. Le premier endroit où vont les aliments après la bouche, lieu symbolique ou l’aliment entre, avant de subir la digestion et la destruction par les sucs. Je n’ai jamais vraiment mastiqué, j’ai lu un jour qu’il fallait mâcher 20 fois avant d’avaler pour que la salive commence le travail de digestion, j’ai compté et me suis aperçue que je ne mâcher pas, j’avaler goulûment. La sensation de faim m’est insupportable, cela me donne mal au ventre et m’a déjà occasionné des malaises, avant, je tombais carrément dans les pommes. Ma fixation orale est évidente et m’a été renvoyé par ce cher M. K. le jour où celui-ci m’a dit que j’étais une mante religieuse. Sa remarque m’a blessé et perturbé durant 3 jours. J’ai soudain eu l’image d’une femme vorace qui dévore son amant après avoir eu ce qu’elle voulait, à l’image de l’oral qui se sert de son partenaire comme miroir. Ceci m’a renvoyé à mes  récentes émergences sur mon stade oral. Je l’ai entendu et accepté. Ce n’est pas tant le qualificatif qui m’a perturbé, mais plutôt le fait que l’on puisse lire en moi, sans être ni dans le cadre d’une analyse, ni analyste ou autres psy, deviner ma fixation orale dans sa phase anobjectale. M.K. possède une grande empathie, cela va s’en dire. 

 

Consciente enfin de mes fixations orales et de leurs racines, j’ai vu apparaître chez moi des traits de caractère appartenant au stade anal, jusqu’alors inconnu chez moi.

Sans être la fée du logis, j’ai toujours bien tenu ma maison, sans excès de nettoyage et en évitant les coins la plupart du temps. Mes placards sont toujours en bazar, ainsi que mes papiers, je n’attache pas trop d’importance aux choses matérielles, et suis plutôt « à l’expulsion », je prends un plaisir fou à jeter les choses. Dans ma quête de perfection, je me suis laisser cette liberté, de foutoir, dans ma maison et mon bureau. 

Depuis quelques temps, la pulsion du rangement m’a envahi, (je relève ce nouveau fonctionnement, car son apparition respecte la logique des stades de la libido). Ma maison doit toujours être bien rangée, mes placards aussi (pour la première fois de ma vie), une vraie femme au foyer ! Autre trait anal, j’ai classé mes livres par auteurs, les manipulant comme des biens sacrés : comportement contraire à mon fonctionnement habituel de grand bordel, sans logique et de quasi irrespect envers les choses matérielles.

 

Voilà où j’en suis aujourd’hui, je suis enfin prête à revenir vous voir.

Publié dans le divan

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