L’oralité d’après Bela Grunberger

Publié le par Aurore A.

Freud a mis au jour les stades de la libido, stade allant de l’oralité jusqu'à l’œdipe, non en succession bien distincte mais en se chevauchant. La cure analytique permet de déceler ces phases grâce aux fantasmes mis a jour. Petit rappel, l’oralité a pour zone érogène la zone buccale, si des manifestations sont observées dans la vie adulte, ce sont des fixations ou régression à ce stade, du à des frustrations ou traumas oraux refoulés. La phase orale est marqué par l’absence de distinction Moi – objet extérieur, il a confusion sujet objet. Cette non distinction est toujours présente chez le schizophrène, qui ne voit pas la limite entre lui, les autres ou l’univers. Balint dit « l’enfant ne connaît d’abord que des substances avec le ferme espoir qu’il continuera à se mélanger amicalement avec elles ». Il est intéressant de relever que cette relation existe toujours à l’age adulte, chez l’oral.

Grunberger nous dit que l’oral forme une unité avec son complément, vivant la séparation comme un arrachement, un véritable traumatisme, il reconstruit son monde intra utérin. Il ignore donc l’objet en tant que tel ainsi que sa propre qualité d’objet. Il a la nostalgie d’un paradis perdu et essaie, en vain, de le reconstruire. Le coït lui-même de part ce fonctionnement en devient asexué : la jouissance devient une union narcissique avec l’objet – ne faire qu’un – Ferenczi déterminant le phallus comme un pont, un trait d’union pour réaliser cette unification, en procurant une grande jouissance narcissique face à cette fusion retrouvée.

L’objet transitionnel de Winnicott décrit cette transition avec les caractéristiques orales qu’il comporte (prolongement de son corps) et anales. Cette union se retrouve à l’adolescence avec le ou la meilleure ami qui devient son double : inséparables, s’habillant pareil ou faisant les bêtises ensemble. Un autre trait de caractère de l’oral est son manque de patience, il veut tout , tout de suite et réagit mal à la frustration, souvent, il est éternel insatisfait. Il a besoin de gratification immédiate à l’image de celle connu dans le narcissisme prénatal, un mode de satisfaction auquel il ne veut renoncer. C’est quelqu’un de très optimiste car il a eu la preuve tangible que l’objet de ses rêves existe : « aucun bien terrestre ne vaudra pour lui une perte touchant son idéal narcissique, un bien qu’il saurait à peine définir mais qu’il ne cessera de revendiquer et de rechercher car il est très crédule (dans son monde narcissique tout est possible) ». Son caractère est flou et absolu, imprécis et illimité : pour lui l’objet est virtuel.
Il refuse tout idée de compromis, de soumission à la réalité qui signifierait un renoncement à la toute puissance narcissique. Toute sa libido sera investie sur un mode excessif, démesuré et illimité. L’oral est souvent aboulique, il a une vie amoureuse superficielle au niveau maturation pulsionnelle. Intensément vécu affectivement, il cherchera satisfaction auprès d’objet qui inexorablement, le décevra ou bien il trouvera son équilibre dans une relation à distance, restant ainsi dans l’attente. Il projette son moi idéal sur l’autre qui devient ainsi un miroir complaisant. Il puise la flamme de son amour dans son narcissisme.

Sa crainte de l’action favorisera l’introspection et la création, mais son travail restera souvent au stade d’ébauche, son imagination est débordante mais il lui manquera la faculté de réalisation. Plutôt individualiste, il préféra se mettre à l’abri ou s’entourer de personnes bienveillantes. Il a du mal à demander car il aimerait que ses demandes soient comprises et comblées spontanément. Il a du mal à refuser, il est généreux par faiblesse et incapable de posséder. Il revendique et exige de recevoir tout en étant incapable, justement, de recevoir de part son immaturité objectale.
Tout projet ou désir de gratification s’élabore au plan oral (le désir), le problème chez l’oral sera la réalisation puisqu’elle dépend du stade anal.
L’oral est souvent un enfant gâté qui a manqué de frustrations, ainsi il n’a pu acquérir de réponses à ces frustrations. C’est un bébé qui a été trop et mal aimé, il a tout eu, immédiatement. Il n’a pas pu introjecter l’amour, la force et la fermeté.
Ce sont des personnes difficiles à être soignées dans le sens où, ils demandent de l’aide mais ne savent pas la recevoir. Ils ont du mal à nouer des relations efficaces. La psychanalyse les aide à sortir de ce cercle vicieux en les obligeant à donner d’elles-mêmes, et à ne pas recevoir d’emblée, et sans promesse, il les oblige à réparer sur un mode oral.

« Le malade apprend ainsi – à travers ce reflet narcissique de soi même, qu’est l’analyste dans le transfert – à s’accepter et à s’aimer (…) le cadre approprié de l’analyse favorisera le déroulement du processus et le fera atteindre une maturité pulsionnelle satisfaisante sur le plan topique, dynamique et économique »
















Ma mère, ma mère, ma mère de DALI

Publié dans l'Amour

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