sur le divan

Publié le par Aurore A.

Il est difficile de laisser tomber ses rêves d’enfants. Pour ma part, j’ai toujours été une rêveuse avec une vie fantasmatique très riche. Longtemps j’ai voulu croire et me suis efforcée de croire en des choses magiques, exceptionnelles ou fantastiques. Je ne parle pas d’ésotérisme ou tout autre pratique dite ‘magique’, quoi que …enfant je guérissais les verrues et tout autre petits boutons affreux, ce qui m’a permis d’entretenir ma croyance en des forces plus puissantes jusqu'à l’adolescence et de me sentir différente et exceptionnelle auprès de ma famille. Je parle de la capacité à s’émouvoir de peu, à se contenter de peu et à être éblouie par des choses simples. De prendre le temps parfois de se dire que nous avons de la chance de vivre cette vie. Un optimisme à toute épreuve et une grande capacité de relativisation. Et surtout des rêves et des projets pleins la tête qui deviennent le moteur qui vous pousse toujours plus loin. Toute ma (jeune) vie, j’ai fait en sorte d’être heureuse et que tout me réussisse : adolescente, j’ai eu tout les garçons que je voulais, je n’ai jamais été quitté par un homme, j’ai toujours été entouré d’amis dévoués, mon opinion a toujours beaucoup compté pour ma famille, j’ai réussi tout mon parcours scolaire en rajoutant la difficulté de ne pas travailler mais de réussir tout de même … un vrai cocon.

J’ai appris sur le divan que toutes ces étoiles dans les yeux étaient dû au refoulement, mécanisme largement employé chez moi pour me protéger. Une façon de me placer au dessus des choses cruelles et difficiles pour qu’elles ne puissent m’atteindre. J’ai quitté avant d’être quitté, inconsciemment : je me suis construite non une coquille mais une armure protectrice.

L’analyse nous apprend à reconnaître en nous tous ces mécanismes de refoulement, de voir comment le caractère s’est formé. Les traits de caractère correspondent bien à un refoulement solutionné. L’introjection d’objets pendant la prime enfance fait ce que nous sommes aujourd’hui. Pour acquérir une telle capacité de refoulement et de béatitude apparente, j’ai du ressentir une forte hostilité venant du monde extérieur. En retournant dans mon enfance, en régressant sur le divan ; j’ai retrouvé une enfant triste, écorchée et hypersensible, l’opposé de ce que je suis devenue après le complexe de castration. Quelle énergie investit pour effectuer cette métamorphose, cette transformation en une fillette, une ado puis une femme forte et intouchable affectivement.

Le refoulement n’est jamais complet est ressort sous forme de symptôme névrotique. Ma construction de bonheur inébranlable n’a pas permis de symptôme jugé faible (pour moi) j’ai donc choisi mon corps et suis une devenu une adepte de la psycho somatisation, ne pouvant exprimer autrement : gastrite à répétition, fibromyalgie et osthéopathe hebdomaire.

Nous savons que les refoulements qui se transforment en trait de caractère sont les plus difficiles à disparaître, contrairement à ce devenant des symptômes.

Ma première tranche d’analyse a été difficile à partir du moment ou j’ai compris cette construction et compris que j’étais devenu quelqu’un qui finalement avait un rôle social très coûteux économiquement. J’ai quitté le divan au mois d’août, abaisser ma garde et me retrouver telle que je suis étai trop dur, je n’étais ma prête. Nous sommes en Octobre est le sentiment d’errance depuis cet arrêt est très présent, je nage entre deux eaux, une composition entre l’ancien moi, le moi analysé en parti et le vrai moi. Cette sensation est étrange, difficile mais intéressante à la fois, elle confirme ma foi en la psychanalyse.




















Cygnes réflétant des éléphants  - Dali 1921
Dali peint une oeuvre fascinante où se mêlent toujours le rêve et le réel, dans une inspiration très marquée par les thèmes obsessionnels de la psychanalyse. Il définit sa théorie de “paranoïa critique” comme ceci: “Il s’agit de représenter des images suscitées par de libres associations d’idées à partir de formes données par le hasard”
(www.bibliomegantic.qc.ca)


Publié dans le divan

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Z
Le jeu de mot daliesque cygne/signe est-il volontaire dans votre lecture? et l' "elle est faon"? vos textes -plaisants à décrypter!- sont féconds de "doubles sens" et de nième degré, MAIS vous ne les commentez JAMAIS: est-ce un procédé pour que le lecteur se mue en Champollion??? Soit!<br /> Cordial salut<br /> JP www.taneb.org taneb@mac.com
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A
<br /> Bonjour et merci pour votre interet,<br /> au cours de ma formation Freudienne je n'ai pas approfondi les techniques linguistiques, mon apprentissage c'est vraiment axée sur Freud, Klein, Ferenczi .. je n'ai pas étudié Lacan.<br /> c'est à moi d'en faire l'experience et d'enrichir mes connaissances, dans mes lectures, analyse didactique .. . J'ai découvert l'analyse des mots grâce à JJ Pinto il y a peu de temps et je trouve<br /> cette technique passionnante, indispensable pour mieux entendre le patient sur le divan. N'hésitez pas à me donner des pistes sur mes textes étant novice ..<br /> <br /> ( les tableaux de Dali sont choisis pour leur (double) sens et l'evidence de leur place en illustration de mon billet)<br /> <br /> <br />